Doctor Darren Hassan
DBA à distance, 2024
Business Science Institute
Alors que les organisations encouragent et intègrent de plus en plus le reporting en matière de développement durable (RDD), celui-ci doit-il rester un outil de divulgation purement facultatif et volontaire mis à la disposition des organisations qui souhaitent mettre en évidence leurs activités sociales, environnementales et économiques combinées ? L'accent mis sur le RDD risque-t-il de pousser les organisations vers le greenwashing, plutôt que de promouvoir des décisions professionnelles honnêtes et éthiques ?
Impact(s) de la recherche
L'une des principales préoccupations identifiées dans mes recherches est l'imprécision inhérente à la formulation des mesures Sociales et Environnementales dans le contexte du reporting sur le Développement Durable. Cette ambiguïté soulève des questions importantes sur les informations auxquelles les parties prenantes devraient avoir accès et sur la manière dont ces informations sont justifiées. Sans le développement d'indicateurs plus précis du capital social et environnemental, les parties prenantes ont du mal à se faire une idée claire et précise de l'impact réel d'une organisation.
L'étude explore de manière critique trois principaux cadres - le Triple Bilan (TBL), l'Environnement, Social et Gouvernance (ESG), et la Valeur Économique Totale (VET) - et identifie six défauts et problèmes majeurs. Parmi ceux-ci, (1) le greenwashing t et la divulgation sélective sont des préoccupations majeures. Les entreprises se livrent souvent à (2) une mystification globale, en présentant leurs efforts sous un jour plus favorable que la réalité ne le justifie. En outre, (3) les incohérences de mesure entre les différents cadres rendent difficile l'établissement d'une base de référence fiable pour l'évaluation des efforts en matière de développement durable. L'écart (4) entre savoir et faire, qui fait que les organisations comprennent ce qu'il faut faire mais n'agissent pas en conséquence, ne fait qu'exacerber ces difficultés. En outre, il existe une incohérence notable (5) dans l'équilibre entre les différents aspects du développement durable, certains domaines faisant l'objet d'une attention disproportionnée tandis que d'autres sont négligés. Ces problèmes sont aggravés par l'absence (6) de contrôles de la mise en œuvre et de la conformité, qui permet aux organisations de naviguer dans le RDD sans devoir rendre compte de leurs actes.
D'autres éléments indiquent que le capital social et environnemental est difficile à quantifier et que toute tentative de quantification est souvent vague et incohérente.
Fondements de la recherche
Ma recherche est fondée sur une étude approfondie des lacunes, des limites et des défis perçus dans le cadre du concept plus large du développement durable. Cinq préoccupations éthiques et morales sont mises en évidence, à commencer par (1) le manque de clarté du terme « durable ». La préservation de ce terme est cruciale, car sa signification est souvent diluée ou utilisée à mauvais escient. En outre, la nature subjective du développement durable (2) soulève la question de savoir si l'entreprise doit se concentrer sur les seuls bénéfices ou si elle doit également donner la priorité aux considérations sociales et environnementales. L'étude remet également en question l'autorité (3) des scores ESG et d'autres mesures similaires, en se demandant si ces mesures ont réellement un poids dans la conduite d'un changement significatif. La question du (4) consensus est un autre point central : tous les aspects du développement durable méritent-ils la même attention, ou certains domaines devraient-ils recevoir plus ou moins d'attention ? Enfin, la (5) pertinence du reporting sur le développement durable pour les investisseurs et les parties prenantes est passée au crible. Le RDD n'est-il qu'un outil de marketing ou contribue-t-il réellement à une meilleure compréhension de la position éthique d'une entreprise ?
Méthodologie
La méthodologie employée pour cette étude a consisté en une revue systématique de la littérature, combinée à une analyse des données de mon enquête. La recherche s'est concentrée sur deux questions principales. La première concerne le greenwashing : (1) Peut-on obliger les organisations à être plus transparentes et plus ouvertes lorsqu'elles font des déclarations dans leur reporting en matière de développement durable ? Dans l'affirmative, quelles mesures faudrait-il mettre en œuvre pour s'assurer que les organisations sont tenues de rendre des comptes avec une plus grande intégrité ? La deuxième question porte sur le problème du décalage savoir-faire (knowing-doing) : (2) Quels sont les obstacles, restrictions ou hésitations perçus qui empêchent les organisations de passer de la connaissance à l'action ? Il est essentiel de comprendre ces obstacles pour élaborer des stratégies qui encouragent les organisations à passer de l'intention à l'action.
Pour aller plus loin
Christensen, H. B., Hail, L., & Leuz, C. (2019). Adoption of CSR and Sustainability Reporting Standards: Economic Analysis and Review. European Corporate Governance Institute-Finance Working Paper No. 623/2019.
Elkington, J. (1994). Towards the Sustainable Corporation: Win-Win-Win Business Strategies for Sustainable Development. California Management Review, 36(2), 90–100.
Kaplan, R. S., & Ramanna, K. (2021). How to Fix ESG Reporting. Harvard Business School Accounting & Management Unit Working Paper No. 22-005.
Stambaugh, R. F., & Taylor, L. A. Pastor, L., (2019). Sustainable Investing in Equilibrium (No. w26549). Journal of Financial Economics, forthcoming.
Mots clés
Développement durable, Reporting en matière de Développement Durable, Greenwashing, Outils de Reporting en matière de Développement Durable, ESG.
Visionner la soutenance de la thèse DBA du Dr Darren Hassan