top of page

Cartographier pour comprendre, comprendre pour agir : les approches participatives fondées sur des méthodes mixtes



Dr. L. Martin Cloutier*

Professeur titulaire en gestion des technologies de l’information

Ecole des sciences de la gestion

Université du Québec à Montréal


*Membre de la faculté du Business Science Institute




Depuis plusieurs années, je m’intéresse aux façons dont la recherche peut être utile, concrète, partagée. Pas seulement pour produire de la connaissance, mais pour construire du sens, pour soutenir des décisions, pour faire émerger des trajectoires d’action collective. C’est dans cette perspective que j’ai progressivement développé, testé et diffusé une approche de recherche qui me semble particulièrement féconde : la cartographie des concepts en groupe, ancrée dans les méthodes mixtes participatives.


Une méthode, des terrains, des voix


Ce que permet cette approche, c’est avant tout de créer un espace structuré de dialogue entre des parties prenantes autour de sujets complexes : transformation organisationnelle, innovation technologique, développement durable, gestion du changement, etc. L’idée n’est pas d’imposer un cadre d’analyse venu d’en haut, mais de faire émerger une représentation collective, construite à partir des idées et des perceptions des acteurs impliqués.


La méthode suit une séquence rigoureuse : production d’idées en groupe, tri des énoncés, analyse statistique (positionnement multidimensionnel, classification hiérarchique), puis interprétation collective et élaboration de recommandations. À chaque étape, le savoir se construit avec les participants. Le résultat : une carte qui rend visibles les convergences, les tensions, les priorités. Une carte à lire, à discuter, à activer.


Cette méthode a été utilisée dans des recherches appliquées dans différents contextes à travers des thèses de DBA au Business Science Institute.


  • Avec Gabriel Tremblay, nous avons étudié la démonstration de la valeur économique des technologies innovantes en santé, mettant en évidence les tensions entre les résultats cliniques et les considérations économiques.





  • David Larivière a, lui, travaillé sur la conscience du risque de disparition dans les hôpitaux publics et privés, pour explorer les conditions de la résilience organisationnelle.





  • Martin Lemelle, aujourd’hui président de Grambling State University, a appliqué cette approche pour identifier les facteurs de succès d’un changement organisationnel durable, en mobilisant trois institutions aux États-Unis.





  • D'autres thèses sont tout juste soutenues ou très avancées, comme aux Émirats arabes unis, M. Azam Zia qui a conceptualisé la gestion de projet TI dans les organisations publiques, en intégrant la dimension humaine trop souvent négligée.





  • Enfin, plus récemment, Johan Sapanel, à l’Université nationale de Singapour, a utilisé la méthode pour cartographier les leviers de valeur des thérapies numériques, dans un article publié dans NPJ Digital Medicine.





Penser ensemble, produire autrement


La force de la cartographie des concepts en groupe, c’est qu’elle permet à la recherche de rester proche des pratiques, tout en s’inscrivant dans une démarche scientifique rigoureuse. On ne se contente pas d’objectiver un terrain ; on engage un processus où la parole de chacun compte, où l’on co-construit une vision partagée, où la compréhension collective devient le socle d’une transformation possible.


Cette approche participe à un changement plus large que j’observe depuis plusieurs années: celui d’une recherche-action réflexive, qui ne sépare pas la pensée de l’action, ni l’analyse de l’engagement. Elle donne à voir — et à comprendre — les systèmes d’acteurs, leurs logiques, leurs frictions, leurs potentiels.


Ce que les managers peuvent en tirer


Pour les managers-chercheurs, cette méthode offre une opportunité précieuse : celle de devenir auteur de sa propre problématique, acteur de son propre terrain. Elle permet aussi de produire un savoir ancré, utile, immédiatement mobilisable dans l’organisation. Et parce qu’elle est participative, elle facilite l’appropriation collective des résultats, condition sine qua non de tout changement durable.


En ce sens, je crois profondément que cette approche est au cœur de l’ambition du DBA tel que le conçoit le Business Science Institute : un programme qui articule rigueur scientifique et utilité managériale, analyse distanciée et transformation réelle.




Découvrir l'intervention de Martin Cloutier





bottom of page